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La petite mort(e)

La petite mort(e)

Couverture La Petite Mort(e)4e couvertureLa Petite Mort(e) introduction

 

 

Après La Petite Mort, voici La Petite Mort(e), toujours publiée aux éditions Delcourt en 2016.

Grande fan, j'ai été ravie de retrouver l'esprit de Davy Mourier dans chaque page, et bien entendu de retrouver l'esprit de La Petite Mort. Dans la famille Mort, il n'est pas coutume d'avoir une fille : comme nous le montre clairement la bande dessinée, la femme est mère au foyer et non faucheuse. Le père est le seul membre de la famille à travailler. Une vieille image patriarcale scande les pages de La Petite Morte : le père, mécontent d'avoir une fille, décide de régler ce petit problème auquel aucun membre de la famille Mort n'a été confronté. Le service assure qu'il ne s'agit pas d'une erreur ; cela met Papa Mort en colère et entreprend d'élever sa fille comme un garçon : elle sera faucheuse et ne restera pas là sans rien faire comme sa mère.

Maman Mort elle, s'inquiète terriblement pour son enfant, d'autant que celle-ci est envoyée en école privée. Là-bas, elle rencontre les mythes et folklores de la mort, des différentes religions : religion nordique etc. Là-bas, La Petite Morte fait la connaissance de Patrick, le seul humain (qui est par ailleurs malchanceux). Là-bas, elle commence une histoire d'amour avec Patrick, or Papa Mort ne supporte pas cette idée : aucune Mort ne fricote avec un humain ; les Mots tuent les humains, ils ne les aiment pas. 

Excédé, Papa Mort, aidé par un ami humain psychopathe et tueur en série (qui lui donne pas mal de taff, d'où la raison de leur amitié), met en oeuvre la mort de Patrick, qui se retrouve sur la table de l'école, devenu cobaye pour les Morts des cultures et religions. Terrifiée, La Petite Morte fuie chez elle dans les bras de sa mère. Lorsqu'elle découvre la vérité, La Petite Morte ne veut pas y croire ; mais dans son sang coule la Mort, alors elle ne voit qu'une seule solution : la mort, justement.

Davy Mourier nous livre un final plein de rebondissements : je n'aurais imaginé, à aucun moment, même si je trouvais la situation patriarcale très exagérée (tant au niveau de la situation de la famille Mort que dans les réactions de Papa Mort), que les dernières pages seraient aussi violentes et, je l'admets, aussi jouissives (parce qu'au fond, quand on a du caractère et que l'on refuse la situation de Maman Mort, on souhaite qu'elle réagisse comme elle le fait et qu'elle sorte de sa situation de femme battue {oups!}). Papa Mort est un personne qui rejette tout ce qui n'a aucun lien avec son métier, il est une figure essentielle, il est là car il est important, nécessaire. Sa place au sein de l'univers n'est pas la même que Maman Mort (qui n'est pas faucheuse), la même que les femmes et les petites mortes. Papa Mort veut un fils, il n'en a pas eu, alors il est colérique jusqu'au bout. Il frappe sa femme, n'accepte pas sa situation familiale ; il est une mort violente. Et il aura, d'ailleurs, une mort à son image : violente. Et jouissive. Car c'est tout ce qu'il mérite, après tout, en considérant sa famille, sa situation, de la sorte.

Pour aller plus loin :

http://www.editions-delcourt.fr/special/lapetitemort/

http://www.bedetheque.com/BD-Petite-Mort-Tome-4-La-Petite-Morte-290359.html

http://www.editions-delcourt.fr/serie/petite-mort-e.html