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Kaleb

Kaleb

Cycle de l'auteure Myra Eljundir (qui est en réalité Ingrid Desjours, auteure de romans policiers avec Echo, Les fauves, La prunelle de ses yeux, Tout pour plaire ou encore Potens), Kaleb est un roman pour la jeunesse  publié entre 2012 et 2013 aux éditions Robert Laffond, dans la collection "R", accessible dès 13 ans. Pourquoi ?

Kaleb n'est pas un livre à destination de la jeunesse comme les autres, il rompt les codes qui veulent qu'une vision manichéenne soit visible d'emblée, c'est-à-dire que le personnage principal et ses acolytes soient représentatifs, ou partisans, du Bien. Leurs ennemis sont, par évidence (et par essence), le Mal. Kaleb est le titre du cycle (qui fonctionne selon 3 saisons) mais également celui du personnage principal : Kaleb Helgusson. C'est un jeune homme de 19 ans (nous sortons des images du personnage de 14 ans déjà mature) qui découvre un jour des pouvoirs, mais pas n'importe lesquels : des pouvoirs qui donnent la mort. Il pénètre dans l'esprit des gens (c'est un puissant télépathe, en somme) et peut, tel un circuit électrique, tout faire disjoncter. C'est hélas ce qui arrive à une jeune femme.

Cette faculté fait de lui un être, nous le voyons, très puissant, qui peut à tout moment, en manipulant vos émotions, votre cerveau, faire de vous un légume. Par ailleurs, il n'en a pas le contrôle. Pourtant, les personnages "gentils" seraient terrifiés par ce pouvoir, ils tenteraient de trouver un remède, or, ce n'est pas le cas de Kaleb : il y prend goût. Il se laisse choir dans ces pouvoirs incontrôlables qui font de lui un être mystérieux, un être que tout le monde veut posséder.

Le sort de Kaleb est lié à celui du volcan Eyjafjöll. Se sachant d'une lignée d'enfant islandais (par sa mère) ayant été touchés par les cendres du volcan, il se retrouve à vouloir en savoir davantage : un forum l'aidera. Il y trouvera des réponses, car ce forum est réservé aux Enfants Du Volcan (EDV). Toutefois, c'est aussi par ce forum qu'il sera découvert, et qu'une armée ayant pour mission de le trouver et de le traquer, arrivera chez lui, tuant la seule famille qui lui reste : son père. Kaleb n'a plus de mère : celle-ci est morte à sa naissance, tuée par les pouvoirs de son fils. Eh oui, il n'a pas de chance.

Obnubilé par ce pouvoir, Kaleb devient un dangereux prédateur, convoité par cette armée. Mais quel lien a-t-il avec cette armée ? Qui sont ces gens qui le traquent ? Que veulent-ils faire de ses pouvoirs ? Par ailleurs, Kaleb, séducteur hors pair et manipulateur psychopathe, fait la rencontre d'une charmante rousse : Abigail, qui s'avère être une succube. Celle-ci s'allie avec lui, mais dans quel but ?

A savoir que le livre est déconseillé aux moins de 13 ans, seulement l'éditeur lui, le déconseille aux âmes sensibles et aux moins de 15 ans. Pour ma part, je suis d'avis de l'éditeur. Des scènes issues de l'esprit machiavélique d'Ingrid Desjours (que j'adore, pour en plus avoir dirigé une interview lors de ma L3 en Métiers du livre) que l'on retrouve (à plus forte dose) dans ses romans policiers, scandent le cycle. Par ailleurs, la relation, malsaine, entre Kaleb et Abigail n'est pas accessible et lisible pour des lecteurs de moins de 15 ans. A vos risques et périls.

C'est un roman pour la jeunesse que j'ai vraiment apprécié (non pas parce que j'apprécie déjà l'auteure) car il sort des sentiers battus. C'est  une lecture qui sort de l'ordinaire, elle est là pour montrer qu'il n'y a pas que les gentils qui font les histoires : les histoires n'existent que parce qu'il y a des mauvaises gens pour leur donner un sens. Kaleb est énigmatique, il est l'esprit du Mal, il EST le Mal incarné, et nous le savons, nous suivons ses pas, nous avons accès à ses pensées. Nous sommes comme lui, coupable, heureux, soulagé, insensible et puissant. Nous sommes Kaleb et nous aimons ça, tout comme lui. Le fait de suivre un personnage malveillant change complètement la donne : nous sommes pour une fois dans la tête du méchant, de celui qui doit se faire arrêter, qui doit mourir. Nous apprenons à l'apprécier pour ce qu'il est, pour ce qu'il fait, et nous refusons qu'il soit capturé. Nous aimons sa manière de vivre, sa manière d'aimer Abigail, sa manière d'être proche des autres Enfants du Volcan (en 3 saisons, il s'en passe des choses). En étant du côté du mal, de ceux qui en théorie ne doivent pas gagner, parvenir à leurs fins, nous apprenons à voir l'histoire différemment, selon un autre point de vue déstabilisant, auquel nous sommes peu habitués. De plus, les couvertures vont dans ce sens : à y regarder de plus près, il s'agit de peau humain, qui au fur et à mesure des saisons perd de sa couleur pour devenir terne, froide : c'est une mutation de la peau d'un Enfant du Volcan quand celui-ci opte pour le mal.

Si vous voulez changer d'air, lisez Kaleb, et devenez Kaleb.

 

Pour aller plus loin : 

http://www.laffont.fr/site/kaleb_saison_i_&100&9782221126820.html

http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/myra-eljundir/wall

http://www.lesdeblogueurs.tv/culture/livre-la-chronique-de-gerard-collard-kaleb/

http://galadelivres.blogspot.fr/2012/06/kaleb-saison-1-myra-eljundir.html

 

Pour faire la différence entre le cycle et la série, voici de quoi éclairer votre lanterne :

http://www.fabula.org/acta/document950.php