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Le porteur de lumière

Le porteur de lumière

Avec l'opération Bragelonne à 5€ (sélection faite par l'éditeur), je me suis plongée dans la littérature de l'imaginaire. Cela faisait longtemps que je n'y étais pas retournée et voici que ma pile de livres de SF, de fantasy et de fantastique ne fait qu'augmenter. Bref, passons : je vous présente aujourd'hui la saga Le porteur de lumière, complète en cinq tomes. Petite anecdote : en lisant le tome 1, je me suis demandé qui était ce monsieur sur la couverture qui fait la une sur chacune. Après lecture, je ne sais toujours pas qui il est. Et, sans spoiler, peut-être s'agit-il de l'évolution d'un personnage ? Fin de l'anecdote.

Dans ce premier tome, nous faisons la connaissance du monde dans lequel évolue les personnages : un monde d'après guerre, où la magie règne. Ici, elle est uniquement utilisée par les Créateurs, des personnes ayant la capacité de manipuler une ou plusieurs couleurs. Pour ma part, il y a un petit côté Witcher, dans le sens où les Créateurs sont achetés par des Satrapes et envoyés en formation à la Chromerie, l'endroit où l'on trouve le plus de Créateurs au mètre carré. Une fois la formation achevée, ils s'en vont rembourser leur dette en travaillant pour la satrapie en question. Pour autant, un Créateur, quoique puissant s'il sait parfaitement utiliser sa ou ses couleurs, est victime d'un léger inconvénient : plus il use de magie, moins il vivra. Eh oui. La magie a un coût plutôt élevé, dans ce monde.

Quoiqu'il en soit, retournons à nos moutons : après la présentation de la magie, le monde, comme précédemment annoncé, est dans un après guerre plutôt bancal. En effet, il y a 16 ans, eut lieu une terrible guerre, appelée la guerre du Faux Prisme. Was ist das me direz-vous ? Tandis que j'écoute le nouvel album de Rammstein, Zeit, sortit ce jour, je vous apprends quelques mots d'allemand : "Qu'est-ce que c'est" ? La guerre du Faux Prisme a déchiré le monde et, plus profondément, deux frères : Gavin et Dazen Guile. Voyez-vous, au-delà des Créateurs qui peuvent manipuler le bleu, le rouge, le jaune, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel en passant par l'infrarouge et l'ultraviolet, plus rarement, il existe au sein de cet univers, un Prisme : une personne apte à user de toutes les couleurs simultanément. Cela n'est possible que par une seule et unique personne. Ou, cela était possible, car quand Dazen a été en mesure d'exploiter toutes les couleurs, à l'instar de son frère, ce premier a été jugé "Faux Prisme", puisqu'il en existait déjà un : son frère Gavin.

Deux clans, deux points de vues, deux armées mais un seul Prisme. Qui devait devenir Prisme, qui devait abandonner son titre ? Je n'ai lu que le tome un, j'extrapole sûrement. Pour autant, la guerre eut lieu et l'un mouru : Dazen. Gavin en sortit vainqueur, tua son frère sur le champ de bataille. Sans en dire davantage car des informations, révélées au cours de la lecture, apportent du relief à cette guerre. Note essentielle, présente en quatrième de couverture : un Prisme vit moins longtemps que ses congénères Créateurs. Tous les sept ans, il est susceptible de mourir, ce qui explique que Gavin Guile doive absolument mener à bien sa to do list, en quelque sorte. Il a encore cinq ans devant lui ; cinq ans et cinq objectifs.

Tout comme vous le présente le synonpsis, nous suivons Gavin Guile à la Chromerie, secondé par le Blanc, un Créateur. Le voici face à son passé en raison de l'existence de Kip, son bâtard né il y a seize ans, au moment de la guerre. Gavin se rend alors sur place, accompagné de Karris, son ex-fiancée devenue Garde Noire à la Chromerie. Cette dernière a sa propre mission : infiltrer le camp du satrape Garadul, pas très loin d'où se rend Gavin. Excepté que Garadul, comme nous le lisons dans les premières pages, a décidé de mettre à feu et à sang tout un village pour "donner l'exemple" à ceux qui refusent d'entrer à son service. Kip, sur place, doit faire face aux prémices d'une nouvelle guerre entre Garadul et la Chromerie. Coup du sort : en tentant de se protéger, il parvient à extraire de la lumière et à utiliser la couleur ! Comme son père, me diriez-vous. Great. Le voici désormais Créateur, apte à entrer à la Chromerie.

Les premiers chapitres donnent les grandes lignes d'une longue épopée en cinq tomes : un bâtard ignoré, un amour perdu, une vie sur le point de s'achever, l'approche d'une nouvelle guerre que personne ne semblait avoir anticipé. Rien que ça ? C'est déjà pas mal quand, en avançant dans la lecture, des informations pour le moins essentielles à la suite de l'intrigue, sont lâchées par-çi, par-là, pour donner du relief. Ce qui ne fut pas pour me déplaire car j'avais l'impression que rien ne venait donner de l'impulsion au scénario. Jusqu'à l'apparition de ces twists. Si vous voulez vous spoiler pour vous donner un peu plus envie de lire cette saga, lisez ce qui suit : Dazen n'est pas mort mais repose dans les sous-sols de la Chromerie, loin du Blanc, loin des Gardes Noirs. Personne en dehors de Gavin et de son esclave (oui, le vilain mot) ne sont au courant. De sucroît, Dazen n'est pas Dazen, et Gavin n'est pas Gavin : Dazen usurpe l'identité de Gavin et l'a remplacé à la fin de leur combat, il y a seize ans. Le fait qu'ils soient pratiquement jumeaux, en dépit d'un écart de deux ans, aide beaucoup. Depuis, Dazen renie Dazen pour devenir Gavin et leurrer tout le monde. Ce qui explique que sa relation avec Karris, qui prend Dazen pour Gavin, soit pour le moins tendue -d'autant que l'histoire du bâtard, né alors que Gavin était fiancé à Karris, vient tout foutre en l'air, il n'y a pas d'autre expression.

Et voilà, pour ceux qui l'ont voulu : vous savez. Ces petits twists sont révélés au bon moment, quand le récit semble plat. Ils viennent colorer, rajouter du piment et ça, c'est appréciable ! 

Après la présentation des personnages, de l'univers et de l'intrigue, voici venu le moment où je vous parle de la construction du récit : les chapitres ont été conçus de manière à ce que l'on fasse connaissance avec les personnages clefs : Gavin, Karris et Kip. D'autres personnages auront droit à leur heure de gloire. Ceci permet d'avoir une vue d'ensemble sur l'intrigue, sur le sort des personnages, ce qui n'est pas pour me déplaire. De sucroît, faire connaissance avec les personnages donne du crédit à leur existence : ils sont là pour une raison, ils ont leur mission, leur destin, et nous en faisons partie. Nous entrons dans leurs pensées, dans leurs souvenirs, nous faisons connaissance avec leur passé, parfois mêlés les uns aux autres. C'est comme ça que, attention spoile pour ceux qui sont prévenus : nous apprenons que Dazen est amoureux de Karris et que la rivalité des frères Guile donna naissance à cette fameuse guerre, appelée à tort Faux Prisme ? Oui, beaucoup de questions restent sans réponses. Voici une nouvelle grande ligne à l'intrigue : un triangle amoureux.

Petit bémol : même si j'ai beaucoup aimé le principe des couleurs comme source de magie, il reste que j'ai du mal à m'imaginer les attaques, les bâtiments de la Chromerie. Une reconstitution sur les Sims aiderait, c'est certain. C'est un détail qui n'a rien ôté au plaisir de ma lecture : les bâtiments on s'en fiche, ce qui compte, ce sont les personnages à l'intérieur, dont le destin basculera à la page suivante.

Date de dernière mise à jour : 29/04/2022