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Mémoire M1

Grande aventure des masterans : le mémoire.

 

C'est chronophage, c'est emmerdant, c'est 50% de notre diplôme, c'est une vraie torture. Pourtant, c'est un travail que l'on aime faire, si l'on a un bon sujet.

L'année dernière (2015-2016), mon sujet a été le suivant : "Comment les auteurs et illustrateurs ont-il modernisé Rabelais dans la littérature pour la jeunesse ?". Grand sujet mélangeant le moderne et le contemporain. La Renaissance et le livre jeunesse. Le sujet paraît simplissime quand il est lu, excepté qu'étudié, analysé, tripoté, renversé, maltraité, et enfin reconsidéré, il n'en est rien. Quel foutoir.

Les oeuvres pour la jeunesse traitant de Rabelais (Gargantua, Pantagruel, Le Tiers Livre, Le Quart Livre) sont peu nombreuses et traitent toutes l'histoire d'un point de vue issu de la politique éditoriale de la maison d'édition. Bien évidemment, elles agissent pour rendre accessible l'oeuvre de Rabelais (qui n'écrit pas pour la jeunesse, loin de là), ce qui modernise l'approche. En quoi ? En tout : l'illustration, la modernisation du texte, une censure à qui y voit une censure (je fais référence au célèbre chapitre XIII : le torchecul), une sélection d'extraits. De quoi dénaturer Rabelais et ne donner à voir que le fil rouge de l'histoire (Yak Rivais). Cependant, force à de constater qu'à l'âge de 3 ans, 6 ans ou encore 14 ans, ce qui intéresse ce ne sont pas les éducations de Gargantua, ou le long périple de Pantagruel qui finit par se bourrer la gueule comme d'habitude (ce n'est pas une critique. Rabelais se positionne vis-à-vis du rire et du vin dans ses ouvrages, sans savoir si la nature de l'homme est de boire ou de rire...), mais bien entendu ce qui intéresse la jeunesse c'est le rire, les blagues, les histoires drôles (Pef).

Les éditeurs en ont conscience, raison pour laquelle on retrouve des petits ouvrages tenant sur une quinzaine de pages (Itak éditions), et d'autres plus complets (Ecole des Loisirs) ou sublimes (Mosquito). Par l'exemple des éditions Mosquito, j'introduis la bande dessinée dans ma bibliogrpahie de référence. En effet, l'édition pour la jeunesse n'est pas axée seulement sur les albums et les romans, elle se développe aussi dans la bande dessinée. Cependant, très peu d'éditeurs dans ce domain ont eu le courage (eh oui, moderniser Rabelais ce n'est pas donné à tout le monde) de se plonger dans des textes vieux de presque 500 ans (!). Pourtant, cela pourrait être très bien rendu, si c'est bien fait.

Bien entendu, la vraie question est de savoir comment les illustrateurs et auteurs ont modernisé Rabelais. C'est là la problématique. Si l'on s'attache aux illustrateurs (donc aux illustrations), il est clair que c'est par le traitement pictural, graphique et par la créativité que passe la modernisation (le collectif qui s'est adonné à la tâche, pour Montreuil, est assez représentatif de ce qui est possible de faire. A savoir que Claude Ponti a collaboré). Il faut reproduire des personnages sans passer par l'influence des anciennes représentations (je pense notamment à Doré), et ainsi savoir si l'on va représenter Gargantua et Pantagruel en géants (ce qu'ils sont). Par ce commentaire, je souligne le parti-pris d'illustrateurs qui ont décidé de ne pas représenter les personnages sous des traits de géants. Cela passe possiblement par l'identification de l'enfant, qui n'est pas un géant (eh oui, en plus d'être en pleine croissance, il est à taille d'homme). Les couleurs vont jouer un rôle primordial dans le visuel (je pense à Itak qui joue sur les pastels). Pour les illustrations, l'Ecole des Loisirs est restée fidèle à la politique de sa collection "Classique" et opte pour les gravures datant de la Renaissance.

Moderniser les figures et les paysages de Rabelais, qu'est-ce que cela veut signifier ? Moderniser, c'est rendre actuel, autrement dit, rendre Rabelais moins vieillot. Raison pour laquelle Gargantua, géant aux nombreux mentons, gras-double et enfant idiot (avant de passer prince grâce à l'éducation de Ponocrates, je m'entends... Repensons au torchecul pour appuyer cette remarque), devient mignon, beau petit bébé blond, et Pantagruel devient longiligne ; en un mot : humanisé. Cela pour correspondre aux lecteurs (et aux parents, rappelons que c'est l'adulte qui dispose et l'enfant qui propose. Et la lecture se doit d'être instructive, émouvante et plaisante qui plus est). Ce qui n'était pas vraiment le cas en 1534 et bien plus tard (les premiers livres pour les enfants étant destinés à l'école, donc à l'éducation, loin des Tchoupi et Trotro {que je n'apprécie guère soit dit en passant}). Doré non plus n'a pas pris le parti d'avoir un Gargantua humanisé, il était dans un souci de rester fidèle et d'illustrer ce qui était écrit.

Enfin, moderniser Rabelais c'est aussi s'attaquer au texte, et c'est là que les choses se compliquent : que choisir ? Hum... Drôle de question quand on a lu Rabelais. La substantifique moelle c'est Gargantua, pas des extraits. C'est l'ouvrage dans son intégralité, pas quatre lignes. Toutefois, loin de critiquer cette pratique, elle reste un bon moyen d'appréhender une oeuvre de la Renaissance sans encombrer d'informations qui paraissent inutiles pour un non-historien ou en-dehors d'un cours (les enfants qui lisent Rabelais simplement par curiosité, je leur dis chapeau...). En donnant des extraits, en simplifiant l'oeuvre pour qu'elle soit compréhensible au lecteur non-initié, les éditeurs et les auteurs (je dis auteurs et éditeurs car il arrive que des éditeurs s'engagent eux-mêmes dans l'étape des extraits, tandis que d'autres collaborent avec des personnes à part entière, je pense notamment aux éditions Itak {avec qui j'ai eu un entretien, raison pour laquelle je me permets de les citer plusieurs fois} qui travaillent avec des professeurs) agissent pour la patrimonialisation de ce texte, en l'inscrivant dans une politique plus large. Rabelais fait partit du patrimoine français, il doit être évoqué. Or, la lecture de ses oeuvres est difficile et n'est pas accessible à tout le monde. L'utilisation des extraits paraît être un bon compromis entre valorisation du patrimoine français et lecture pour la jeunesse.

Loin de faire le point sur tous les enjeux d'une modernisation de Rabelais, cet article a seulement vocation à donner un aperçu du travail effectué.

En dernier lieu, je donnerai à voir mon sommaire, pour les curieux (c'est gratuit, allez-y).
 

Sommaire du mémoire

I. ENJEUX ET PROBLÉMATIQUES DU CORPUS
1. INSTRUIRE 
2. PLAIRE 
3. ÉMOUVOIR 
4. ÉTUDE CHRONOLOGIQU


II. ANALYSE DÉTAILLÉE DU CORPUS
1. PRÉSENTATION MATÉRIELLE
LES ALBUMS
MAD H.-GIRAUD et SAMIVEL, Gargantua, Paris : Delagrave, 1934, « Les albums de Samivel »
MAD H.-GIRAUD et SAMIVEL, Pantagruel, Paris : Delagrave, 1935, « Les albums de Samivel »
BON François, Comment Pantagruel monta sur mer. Le Quart Livre de Rabelais, Paris : Hatier, 1994 
DI ROSA Hervé, Le Rabelais, Paris : Éditions Mango Jeunesse, 1999, « Album Dada. Il suffit de passer le pont »
DEBEURME Ludovic et Rabelais François, Gargantua, Paris : Milan Jeunesse, 2004, « Albums classiques »
PIÉPLU Claude, GALABRU Michel, FABBRI Jacques et CLAVELOUX Nicole, Gargantua, Paris : Éditions Thierry Magnier, 2004
MR. TIFABAR, Extraits de la vie très honnorifique du grand Gargantua père de Pantagruel, Essey-les-Nancy : éditions Au fond du grenier, 2009
RABELAIS François et Pef, Comment Grandgousier connut l’esprit merveilleux de Gargantua à l’invention d’un torchecul, dit Le Torchecul, Paris : éditions Mouck, 2009, « Moukins »
RABELAIS François et PERRUCHON Agnès, Gargantua, Paris : Itak éditions, 2011, « Destination classiques »
RIVAIS Yak et RABELAIS François, Gargantua, Champcella : Le Polygraphe éditeur, 2011, « livres numériques jeunesse », 62 pages, pour les 9-10 ans
RABELAIS François et GUÉRY Laura, Pantagruel, Lognes : Itak éditions, 2013, « Destination classiques » . 37
LANGLAIS Jean-Luc et MOURRAIN Sébastien, Gargantua, Lyon : Éditions Amaterra, 2014, « Les grands textes à hauteur d’enfants » 


LES ROMANS ILLUSTRÉS
GUÉCHOT Marc, Le bon géant Gargantua. Maître Pathelin, Paris : Librairie Armand Colin, 1904, « Bibliothèque du petit français »
BUTTS Marie et FAU Fernand, Gargantua, Paris : Librairie Larousse, 1910, « Rabelais pour la jeunesse » 
MORIN Louis, Rabelais. Gargantua et Pantagruel, Paris : Henri Laurens, 1911, « Les grandes oeuvres. Pages célèbres illustrées » 
RABELAIS François et Vallerey Gisèle, Gargantua, Paris : Fernand Nathan éditeur, 1933, « OEuvres célèbres pour la jeunesse. »
BLOCH-DELAHAYE Marie-Henriette et MILHAU Jean, Gargantua et Pantagruel, Paris : Éditions Hier et Aujourd’hui, 1946, « Classiques illustrés »
BLOCH-DELAHAYE Marie-Henriette, Gargantua, Paris : Éditions La Farandole, 1959, « Mille épisodes » 
DEMERSON Guy et DEISS Véronique, Gargantua et Pantagruel, Paris : Casterman, 1993, « Épopée »
RABELAIS François et MONAT-BOUHANIK Bénédicte, gargantua, Pantagruel, Tiers Livre, Quart Livre, Cinquième Livre, Paris : L’École des Loisirs, 2006, « Classiques abrégés »
RIVAIS Yak et RABELAIS François, Gargantua, Champcella : Le Polygraphe éditeur, 2011, « livres numériques jeunesse », 120 pages, pour les 10-12 ans


LES BANDES DESSINÉES
BATTAGLIA Dino et BARIL Denis, Gargantua et Pantagruel, Saint-Égrève : Mosquito, 2001
TRUBERT Jean, Gargantua, Antony : C. Trubert, 2011


2. PRÉSENTATION DES AUTEURS ET ILLUSTRATEURS


3. ÉTUDE DES OEUVRES
LES ALBUMS
MAD H.-GIRAUD et SAMIVEL, Gargantua, Paris : Delagrave, 1934, « Les albums de Samivel »
MAD H.-GIRAUD et SAMIVEL, Pantagruel, Paris : Delagrave, 1935, « Les albums de Samivel »
BON François, Comment Pantagruel monta sur mer. Le Quart Livre de Rabelais, Paris : Hatier, 199
DI ROSA Hervé, Le Rabelais, Paris : Éditions Mango Jeunesse, 1999, « Album Dada. Il suffit de passer le pont »
DEBEURME Ludovic et Rabelais François, Gargantua, Paris : Milan Jeunesse, 2004, « Albums classiques »
PIÉPLU Claude, GALABRU Michel, FABBRI Jacques et CLAVELOUX Nicole, Gargantua, Paris : Éditions Thierry Magnier, 2004 
MR. TIFABARR, Extraits de la vie très honnorifique du grand Gargantua père de Pantagruel, Essey-les-Nancy : éditions Au fond du grenier, 2009 
RABELAIS François et Pef, Comment Grandgousier connut l’esprit merveilleux de Gargantua à l’invention d’un torchecul, dit Le Torchecul, Paris : éditions Mouck, 2009, « Moukins » 
RABELAIS François et PERRUCHON Agnès, Gargantua, Paris : Itak éditions, 2011, « Destination classiques »
RIVAIS Yak et RABELAIS François, Gargantua, Champcella : Le Polygraphe éditeur, 2011, « livres numériques jeunesse », 62 pages, pour les 9-10 ans
RABELAIS François, GUÉRY Laura et WENDING Julie, Pantagruel, Lognes : Itak éditions, 2013, « Destination classiques » 
LANGLAIS Jean-Luc et MOURRAIN Sébastien, Gargantua, Lyon : Éditions Amaterra, 2014, « Les grands textes à hauteur d’enfants » 

LES ROMANS ILLUSTRÉS
GUÉCHOT Marc, Le bon géant Gargantua. Maître Pathelin, Paris : Librairie Armand Colin, 1904, « Bibliothèque du petit français »
BUTTS Marie et FAU Fernand, Gargantua, Paris : Librairie Larousse, 1910, « Rabelais pour la jeunesse »
MORIN Louis, Rabelais. Gargantua et Pantagruel, Paris : Henri Laurens, 1911, « Les grandes oeuvres. Pages célèbres illustrées » 
RABELAIS François et VALLEREY Gisèle, Gargantua, Paris : Fernand Nathan éditeur, 1933, « OEuvres célèbres pour la jeunesse. » 
BLOCH-DELAHAYE Marie-Henriette et MILHAU Jean, Gargantua et Pantagruel, Paris : Éditions Hier et Aujourd’hui, 1946, « Classiques illustrés » 
BLOCH-DELAHAYE Marie-Henriette, Gargantua, Paris : Éditions La Farandole, 1959, « Mille épisodes » 
BLOCH-DELAHAYE Marie-Henriette, Gargantua, Paris : Éditions La Farandole, 1959, « Mille épisodes » 
DEMERSON Guy et DEISS Véronique, Gargantua et Pantagruel, Paris : Casterman, 1993, « Épopée » 
RABELAIS François et MONAT-BOUHANICK Bénédicte, gargantua, Pantagruel, Tiers Livre, Quart Livre, Cinquième Livre, Paris : L’École des Loisirs, 2006, « Classiques abrégés »
RIVAIS Yak et RABELAIS François, Gargantua, Champcella : Le Polygraphe éditeur, 2011, « livres numériques jeunesse », 120 pages, pour les 10-12 ans


LES BANDES DESSINÉES
ATTAGLIA Dino et BARIL Denis, Gargantua et Pantagruel, Saint-Égrève : Mosquito, 2001
TRUBERT Jean, Gargantua, Antony : C. Trubert, 2011

Date de dernière mise à jour : 14/11/2016