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Le grand méchant renard

Le grand méchant renard

Le grand méchant Renard est certainement l'oeuvre emblématique de Benjamin Renner qui lui a permis de décrocher en 2015 le Grand Prix des lecteurs du journal de Mickey , et en 2016 le Prix de la bd Fnac et Fauve Prix jeunesse du Festival d’Angoulême. Il a aussi été la tour d'ivoire du festival A Tours de Bulles 2015. Auteur de Un bébé à livrer, aux éditions Vraoum! en 2011, Benjamin Renner est connu pour avoir notamment coréalisé Ernest et Célestine avec Vincent Patar et Stéphane Aubier, en long métrage.

Grand succès en librairie et chez les lecteurs de bande dessinée, Le grand méchant renard est grand public : il est accessible aux enfants,adolescents, adultes et personnes âgées.

Il s'agit, au premier abord, d'une histoire banale : un renard qui, pour survivre, passe son temps à se faufiler dans la ferme à côté de sa forêt pour capturer de belles poules. Seulement voilà : le renard est maladroit, naïf, ne correspond pas au symbolisme que les sociétés lui accordent : il n'est pas malin, intelligent, puissant. En somme, c'est un pauvre renard obligé de se nourrir de navets gracieusement offerts par toute l'équipe de la ferme.

Un jour, affamé (comme d'accoutumé), le renard croise le loup. Grande rencontre ! Référence à la liberté, à l'intelligence vive, à la menace, symbole d'instinct fort, le loup propose alors au renard un deal des plus alléchants : "Tu vas à la ferme voler des oeufs que tu couveras. Une fois éclos, tu les nourriras jusqu'au jour où ils seront bien dodus. Alors nous les mangerons." Pas du tout rusé, le renard ne remarque pas l'escroquerie. Il accepte et vole trois oeufs qu'il couve effectivement, jusqu'au moment où ils éclosent et là... ! C'est le grand méchant renard. Ce sont les petits poussins renardeaux. Les bébés découvrent le visage de leur "mère", et se prennent pour des renards. L'inversement des rôles est inévitable : il n'existe pas de méchant renard puisque c'est maman. Comment le renard, devenu fou à force d'expliquer à ses "enfants" qu'il est le grand méchant renard et qu'ils vont finir par être mangés par lui et le loup, va-t-il se positionner vis-à-vis de son statut de "mère" malgré-lui ? Va-t-il finalement manger les poussins ? Comment le loup va-t-il tirer profit de cette situation ? Et grande question : qu'en pense la véritable mère, la poule, qui s'est rendue compte de la disparition de ses oeufs ?

C'est une superbe histoire humoristique, pleine de tendresse et de bon sens aussi. On ne s'ennuie pas une seule seconde. Il est amusant de voir comment le renard, de nature rusé, se fait stupidement avoir par le loup qui le manipule. Il le prend en pitié, comme toute la ferme. Ce pauvre renard est mené en bateau jusqu'à la fin du livre (oups!). On le voit évoluer, on le voit devenir mère célibataire, mère malgré-lui. Il est amusant de voir comment Benjamin Renner a modifié les rôles des personnages, comment il les a inversé, au point que parfois, la pitié pour le renard devient tellement grande qu'elle change complètement l'approche humoristique.

En effet, à force d'être manipulé, ridiculisé, il peut arriver dans la lecture que le renard soit réellement pris en pitié, et que le lecteur n'accepte pas ce parti-pris du dessinateur. La lecture devient pénible, on sent coupable de lire, car en lisant on accepte cette situation qui nous déplaît. Il faut toutefois prendre cela comme une histoire : elle doit divertir, et le but est de montrer comment, même si on n'est pas rusé, l'on parvient à redresser la situation, à être heureux. A trouver un équilibre.

Concernant le graphisme, les traits sont fins, dessinés à l'aquarelle, ce qui apporte une fluidité incomparable. Les dessins sont petits, se développent sur plusieurs cases (invisibles puisque le fond de la page reste blanc pour plus de fluidité et de liberté de l'image), ce qui permet de les voir indépendamment les uns des autres et de bien visualiser le trait et les couleurs. Les plans sont très bien réalisés, on a vraiment l'impression d'être une caméra qui suit constamment le renard dans son aventure, d'être dans un sitcom. On se prend d'affection pour tous les personnages qui ont chacun leur personnalité, ce qui permet d'avoir des dialogues différents vis-à-vis du renard. Les animaux sont expressifs, les dialogues bien écrits. Il y a de quoi se régaler, en somme !

 

Pour aller plus loin :

http://www.editions-delcourt.fr/serie/grand-mechant-renard.html

http://www.bedetheque.com/BD-Grand-mechant-Renard-Le-Grand-Mechant-Renard-235131.html

http://www.bodoi.info/le-grand-mechant-renard/