In the After

In the After

In the After est le premier tome de Demetria Lunetta, publié aux éditions Lumen en 2014.

L'histoire est celle d'Amy, 14 ans, jeune américaine. Sa vie est celle d'une adolescente banale jusqu'au jour où la télévision se coupe, les appels ne sont plus émis. L'écran de la télévision se rallume pour laisser découvrir un alien à Central Park. Commence alors l'histoire de sa survie sur une Terre infestée d'extraterrestres aux comportements de zombies. Rien de plus naturel. Le tome 1 est divisé en 3 phases :

L'Après, qui narre comment les personnages principaux (Amy et Baby) survivent ;

Newhope, quatre mois plus tard, qui nous apprend qu'il existe une colonie de survivants ;

Les Gardiens, qui, bien entendu, nous annonce la fin de l'ouvrage (pour ne pas spoiler davantage)

L'histoire s'adresse à des adolescents friands de récits post-apocalyptique et de dystopie (genre où les personnages ne peuvent accéder au bonheur, à une fin heureuse, à cause de la société, une sorte de cauchemar prolongé). La dystopie est un genre qui a su évoluer aux XXè et XXIè siècles pour ne plus seulement s'intéresser aux adultes mais aussi aux adolescents. Initié par des auteurs comme Aldous Huxley (Le meilleur des mondes, 1932), Ievgueni Zamiatine (Nous autres, 1920), Karel Capek (La guerre des salamandres, 1960), Rad Bradbury (Fahrenheit 451, 1953 pour l'édition américaine, 1955 française), Pierre Boulle (La planète des singes, 1963), George Orwell (1984, 1950), le genre s'est décliné. Sa formation vient de la contraction du préfixe grec dys (négation, malformation) et du radical topos (lieu). La dystopie a pris de l'envergure dans les romans pour la jeunesse avec The Giver (1993), de Lois Lowry publié en 1994 en France sous le titre Le Passeur, la série de Scott Westerfeld (Uglies, Pretties, Specials, Extras et Secrets), et le genre s'est affirmé avec l'adaptation des Hunger Games en 2012 (sortie du premier tome en 2008). Bien entenud, au vue du récit post-apocalyptique qui, comme j'ai pu l'annoncer plus haut, se conjugue à une forme extraterrestre, impossible de passer à côté du célèbre Herbert George Wells, La Guerre des Mondes, premier roman où il est question d'une race extraterrestre entrant en contact avec l'homme, paru en 1898. Trois ans plus tôt sortait La Machine à explorer le temps. 

L'histoire est bien ficellée, il y a pourtant quelques points à revoir : lors de ma lecture, j'ai bien lu que le public visé est celui de la jeunesse. Les personnages sont chanceux (les parents d'Amy auraient pu ne pas travailler pour le Ministère et ne pas être écologistes), l'écriture est certes fluide, mais parfois il aurait été judicieux de faire paraître Amy bien plus humaine que génie. Oui, Amy est un génie : elle lit beaucoup, elle préfère la littérature à tous les autres domaines d'étude, elle cite Shakespear, elle est maligne, sait se servir d'une arme, sait réfléchir dans les dix secondes, établir un plan qui fonctionnera (bien évidemment). Bref, j'aurais aimé qu'il n'y ait pas tous ces coups de chance et qu'elle soit vraiment moins adulte et plus située réellement dans son âge. Certes, elle vit 3 ans sur Terre avec Baby jusqu'à Newhope, c'est beaucoup. C'est énorme comme une maison ! J'aurais apprécié ce livre à mes 14 ans, mais j'aurais fait la même critique : un peu de vraisemblance, que Diable ! Cette Amy, décidément, a tout du personnage américain stéréotypé, héros des comics (je cible Captain America en premier car il est l'image de la nation qui se fait ridiculement utiliser), j'aurais apprécié un peu plus de réalité dans le comportement (une Amy Pond qui commet des erreurs). Cependant, le livre est un bon ouvrage qui a fait parléerde lui lors de sa sortie, a été beaucoup estimé des libraires américains (il en reste encore, ouf). De quoi se poser la question pourquoi et de le lire.

Sans titre 1

Nous suivons donc l'histoire, dans un premier temps d'Amy et Baby, qui survivent tant bien que mal à l'intérieur de la maison d'Amy, entourée d'un grillage électrique qui les protège. Les aliens ne sont ni ceux que l'on a pu voir dans Mars Attack ou dans les nombreuses adaptations de La guerre des mondes. Ils sont un mélange des zombies que l'on a pu connaître dans World War Z (Max Brooks, 2009 en France), des zombies imaginés par George Andrew Romero, et un mélange de l'idée du petit bonhomme vert. Les extraterrestres sont assoifés de chair fraîche, ils se déplacent vite dans la lumière mais sont aveugles dans la pénombre. Ils ont un ouïe très développée, ce qui obligent les survivants à se déplacer avec circonspection et silencieusement. 

Il est agréable de voir comment les personnages principaux parviennent à survivre, notamment en développant un langage des signes qui n'est pas seulement fait pour être vu, mais pour être sentit. Il arrive qu'Amy et Baby "discutent" entre elles en utilisant un langage morse grâce aux doigts.

L'histoire pourrait être banale, un énième roman sur le sujet post-apocalyptique, sur les aliens, mais Demetria Lunetta a démontré qu'il est possible de faire d'une petite histoire une série captivante, qui demande de se concentrer sur les détails. En effet, c'est ce que j'ai fais lorsque le terme pour définir les aliens est apparu : FLORAE. Ayant fait du latin, je me suis dit : "Tient, ça, ce sont des descendants de Flore/Flora, la déesse de la Terre et de l'Agriculture. Il doit y avoir un lien pour qu'ils ne soient pas considérés comme forme extraterrestre." J'ai mis le doigt sur l'une des questions fondamentales du tome 1 : que/qui sont ces aliens ? 

Autre point intéressant, le changement psychologique d'Amy : tellement fascinée par les aliens, elle vient à développer une sorte de personnalité perversesà leur égard. Le personnage grandi en devant faire face à un ennemi qui n'est pas clairement identifié (alien ? vraiment ? Florae ? Florae de quoi ?) et qui, pour éviter de tomber dans la folie, doit trouver un moyen de rire de la situation (comme le dit Rabelais, le rire est le propre de l'homme).

Cependant, le personnage d'Amber qui aurait pu être, soit dit en passant, moins le miroir de l'héroïne (aux antipodes d'Amy) et être affirmée en tant que méchante, s'il fallait réfléchir en vision manichéenne. On comprend que ce personnage est abusé, perdu, mais il devient vite lassant (je trouve), car sa seule utilité est d'être l'opposé d'Amy en bien des domaines, de se laisser embobiner par son frère, par sa hiérarchie, de ne pas être capable de réfléchir par soi-même, d'être un boulet et ne pas être capable de s'adapter à la situation présente (survivre sans faire le moindre bruit).

Si vous voulez un peu de peur, de suspense, d'extraterrestre szombies, d'affaire de famille et d'un nouveau monde, n'attendez pas.

Pour aller plus loin :

http://www.lirado.com/in-the-after-de-demetria-lunetta/

http://lecturestrollesques.blogspot.fr/2015/01/in-after-tome-1-demitria-lunetta.html

http://sous-ma-couverture.blogspot.fr/2014/09/in-after-1-de-demitria-lunetta.html

http://lireunepassion.blogspot.fr/2014/09/in-after-tome-1-demitria-lunetta.html