Nevernight est une série en 3 tomes imaginée par Jay KRISTOFF, également auteur de L'Empire du Vampire. Jay Kristoff est Australien, lauréat de nombreux de Aurealis Award for Excellence in Speculative Fiction, prix décernés aux auteurs Australien dans les catégories Science-fiction, fantasy et horreur (avec de nombreuses sous-catégories). En 2013, il a obtenu un prix dans la catégorie Nouvelle Fantasy pour son titre La guerre de Lotus, et en 2016 en Roman Fantasy pour Nevernight, notamment. En 2017 le prix en Roman de Fantasy pour Godsgrave (volume 02 de Nevernight). 2018 Roman de Science-fiction avec Lifel1k3. Et enfin en 2019 deux prix décernés conjointement à Amie Kaufman dans les catégories Roman de Science-fiction et Roman pour Jeunes Adultes pour le même titre Aurora Squad.
Nevernight est un titre que j'ai acheté en raison de la belle édition cartonnée et collector des éditions De Saxus. Ce sont les versions Poche que j'ai lu, forcément, aux éditions J'ai Lu. Ce qui m'a d'abord frappé dans la lecture de Nevernight, c'est le narrateur. Le récit est construit à la troisième personne, avec un narrateur omniscient qui brise parfois le quatrième mur comme le fait Deadpool (si vous voyez ce que je veux dire). L'humour fait partie de la personnalité de ce narrateur, qui n'hésite pas à nous faire une description (parfois pompeuse) de tout le système politique, géopolitique, géographique, historique, bref, plein de mots en -ique, qui sert à souligner comment le monde dans Nevernight fonctionne et est gouverné. Ces descriptions, je dois avouer, sont vites devenues une torture pour moi. Cela ne sera toutefois, ou n'a pas été, votre cas (les lectures, après tout, sont différentes selon chacun), mais cela desservait plus que ne servait à m'en apprendre davantage sur l'univers. Non qu'elles soine trop nombreuses, mais trop longues. Il arrive que ces notes de bas de page prennent l'intégralité d'une page du format Poche, allant jusqu'à deux ou trois moitiés de pages. Leur longueur me faisait oublier l'action dans laquelle était Mia. J'ai donc dû faire un choix et les mettre de côté pour plus tard (ou pas). Il aurait été plus judicieux, je pense, de créer une sorte de Carnet en fin d'ouvrage, pour expliquer cet univers, et non l'intégrer au texte, bien que l'intérêt de ces notes de bas de page soit aussi de donner du caractère au narrateur, car l'humour dans ses propos donne de la légèreté, en tranchant avec le sérieux du récit en cours, nous obligeant à revenir à un point essentiel : l'histoire nous est bien narrée par une figure Arlésienne (un personnage invisible, dont il est fait référence mais qu'on ne voit jamais). Notre narrateur existe, il revient souvent à la charge (par des notes de bas de page ou en brisant le quatrième mur en plein récit pour nous interpeler). De qui s'agit-il ?
C'est un aspect de l'écriture de Jay Kristoff que j'ai beaucoup apprécié. Cela change des précédentes lectures et permet une approche originale, singulière, de l'histoire.
Nous suivons Mia (le prénom arrive tardivement), jeune orpheline en quête de vengeance suite au trépas de sa familia. Pour devenir l'objet de son engeance, elle doit être formée et ce, dans la meilleure des écoles possibles. Son Shahiid (maître, professeur) Mercurio, lui dévoile l'existence de l'Eglise Rouge, lieu mythique et secret de formation au métier de tueur de l'ombre, si je puis dire. Le but de l'Eglise Rouge est de tester et former de jeunes recrues, qui deviendront plus tard des Lames ou, s'il y a échec, des Mains (des serviteurs des Lames). Leur dévouement à la Déesse Niah, la Mère de la Nuit, va au-delà de tout ce qu'ils pouvaient imaginer, demandant de nombreux sacrifices et une inflexibilité qu'ils acqueriront au fil des mois de formation avec différents Shahiid. Sans trop en dévoiler, le tome 01 est l'instant de la formation de Mia, mais aussi de la présentation de l'univers, des religions, mythologies, rites et croyances au sein de l'univers dans lequel se déploit l'action. Des cartes sont intégrées au livre (j'aime les cartes!), permettant de comprendre où vont les élèves, d'où ils viennent, la distance parcourue pour parvenir jusqu'à l'Eglise Rouge, située dans un trou Oh combien paumé et préservé par un voile magique.
Magique. Magik. Des mots oubliés, des créatures massacrées pour répondre à un ordre idéal, parfait, imaginé par l'Eglise d'Aa, le Dieu de la Lumière et époux de Niah. Tout adorateur de l'Eglise de la Nuit est traqué et soumis à la torture, afin que chaque fidèle de la Mère la Nuit rejoigne les abîmes. Mia, vous vous en doutez, ne porte pas les fidèles de la Lumière dans son coeur, car sa familia a été terrassée par les adorateurs de Aa. Un moment qui vient très tôt dans le récit pour nous aider à mieux cerner la psychée de Mia. Pour en revenir à la magie, celle-ci est bien présente dans l'oeuvre et est soumise à des lois que ne peuvent ignorer les utilisateurs. Une sorte d'échange équivalent. Je n'en dévoilerai pas davantage.
Pour ce qui est du développement du récit, celui-ci est scindé en deux temps : un temps au présent où l'on suit Mia quasiment jeune adulte, à la recherche de l'Eglise Rouge, et un temps au passé, où l'enfant qu'elle était subit le traumatisme de voir son père pendu pour trahison ou encore son chat tant aimé, Maître Flaque (vraiment bien trouvé comme nom pour un chat qui fait pipi à côté) qui était tout pour elle, se faire tuer (oui, si vous n'aimez pas la violence animale, ce moment ne vous ravira pas) sans une once d'hésitation par des adeptes d'Aa. Cette enfant qui survit tant bien que mal et trouve finalement refuge chez Mercurio, son futur Shahiid. Ces instants de retour dans le passé sont essentiels aussi pour comprendre l'un des personnages clefs de l'oeuvre : Gentilhomme. Une ombre qui suit Mia depuis cette enfance traumatisante, depuis l'instant où elle a dû fuir sa maison pour survivre. Car Mia est une enténébrée, une personne capable de manipuler les ténèbres, les ombres, d'en faire une cape la rendant invisible aux yeux des autres. Une technique qu'elle utilise beaucoup. C'est aussi l'un des grands mystères de Nevernight. Que signifit être Enténébré ? Pourquoi est-elle la seule à être marquée par la Déesse de la Nuit ? Qu'est-ce qui la rend unique ?
Ce dernier mystère est bien entendu d'emblée légèrement annoncé par le narrateur dès que l'on commence Nevernight : Mia est à l'origine de la fin de Sépulcra, du culte d'Aa. Elle est la Tueuse de Roi, la Faiseuse de Roi. Mia est notre héroïne (vraiment ?) marquée par Niah. Mais le plus intéressant est le voyage, pas la destination. C'est tout l'intérêt de cette série. Nous savons le destin de Mia, ce qu'elle fera. Or, la manière dont elle deviendra l'une des tueuses les plus redoutables est l'essence de l'histoire. Quels seront ses ennemis, ses alliés. Comment elle découvrira les raisons de la sa Marque de Niah. L'origine de Gentilhomme. La quête de la vengeance. Le trépa de Sépulcra.